lundi 13 octobre 2014

Afrique du Sud : de Langebaan à Velddrif

Le petit-déjeuner en B&B en Afrique du Sud, il y a toujours des oeufs. Ca fait une heureuse. Personnellement, au bout de deux trois jours, je me lasse.
Il y a aussi souvent servie avec les oeufs une boerwors, cette saucisse de boeuf (pas toujours, faut demander, parfois ils ajoutent de l'agneau ou du porc) délicatement épicée qui est la reine de tout braai qui se respecte. 
Souvent aussi servi avec, du bacon, mais là, je peux pas vous renseigner. 
A côté de ça, il y a également du sucré, du pain et tout. Et du rooibos, mais ça, on vous en reparlera.
Bref, j'ai pourtant horreur de sauter un repas, mais ici en général je n'ai pas faim avant 14h.
Un des énormes avantages du logement chez l'habitant, c'est qu'on se retrouve souvent avec d'excellentes idées d'excursions qui n'étaient pas du tout au programme.
Moi le control-freak ultime, qui adore peaufiner mes itinéraires de voyage, j'apprécie cette dose raisonnable d'imprévu.
Là par exemple on entame grâce à notre logeuse notre matinée par un tour assez étonnant.
Saldanha est une ville portuaire d'une vingtaine de milliers d'habitants, qui vit autour de son port.
Ce dernier voit arriver des trains parmi les plus lourds et les plus longs du monde: ceux qui partant de la mine de Sishen, dans le centre-nord du pays arrivent à Saldanha remplis de minerai de fer.
On en a vu, c'est impressionnant: près de 4 km de long, jusqu'à 40000 tonnes (le train vide, hein). 
Autant dire que les abords de la ville sont assez peu bucoliques et tranchent nettement avec ce qu'on a pu voir jusque là: sites industriels crachants et fumants, montagnes de minerai, usines terrifiantes de décrépitude, c'est pas très touristique.
Deuxième attraction: des navires de guerre de la marine sud-africaine mouillent dans le port de Saldanha.
Quel rapport avec notre excursion, me direz-vous (et vous n'aurez pas tort)?
En fait, il y a une très grande base militaire à Saldanha, et dans la base militaire, il y a...une réserve naturelle (qui sert aussi de terrain d'exercice, on dirait).
On nous a donc particulièrement recommandé le site mais on a eu un peu de mal à le trouver parce qu'il fallait entrer DANS la base. On se retrouve donc à remplir un registre (ça aussi, ça arrive souvent, en Afrique du Sud). Et une fois qu'on y est, on traverse tout, on roule on roule, et à la fin, y a plus rien, plus de route, walou.
Heureusement qu'une voiture se trouvait là, avec deux retraités en tenue de randonnée. On s'arrête donc juste derrière eux (on n'avait pas trop le choix, y avait plus de piste) et on contourne le grillage de ce terrain complètement entouré de barbelés. 
Derrière, de vastes prairies fleuries, sur notre gauche une colline rocailleuse et au fond et sur notre gauche, l'océan.
Ce n'est pas vraiment un chemin de randonnée qu'on décide de suivre, plutôt une piste pour jeep. On est venu totalement la fleur au fusil, en se disant qu'on resterait une petite demi-heure mais c'est vraiment chouette, tranquille, pas un rat. Les deux retraités ont pris l'autre chemin, celui qui descend. On a pris celui qui longe la colline. Et voilà. Des kilomètres sans personne d'autre que ces antilopes qu'on croise par groupes de temps en temps.
Ah, quand même, les retraités nous ont dit "attention aux serpents, hein, restez bien sur la piste". J'avais pas trop besoin de ça.
En fait, depuis bien avant le départ, je me suis bien renseigné et je sais parfaitement que toute la région fait avec la présence de serpents pas toujours hyper sympas. Je sais reconnaître les 3 dont on espère ne jamais croiser le chemin: la "puff adder", le cobra du cap et le "boomslang" (là on est plutôt peinards pour ce dernier, il vit dans les arbres et y en a pas la queue d'un).
Je prononce donc mon premier "fais gaffe où tu mets les pieds", à l'attention de Géraldine. Et croyez-moi, ce ne sera pas le dernier. Et j'aurais bien raison (affaire à suivre).
On passe donc deux petites heures à marcher dans ce décor assez épatant et coloré pour de gens qui habitent La Fourche (Paris XVIII). On commence à prendre goût à cette combinaison assez unique de champs de fleurs, de rochers, de bleu marin qui fait le charme de la "West Coast".
La faim commençant à nous tenailler et Géraldine ne plaisantant pas avec ces choses-là, on reprendra la route vers notre prochaine destination: Paternoster.
Ce patelin de pêcheurs situé plus au nord dans la "West Coast Peninsula" est connu pour ses petites maisons blanches et ses restos de fruits de mer. 
Ils pêchent dans le coin des homards d'une taille tout à fait effrayante et paraît-il délicieuses.
Malheureusement ce n'est pas la saison mais les restaurateurs les remplacent par des tonnes de moules grosses comme des huîtres. Et par des poissons frais.
Notre halte ne nous convainc pourtant pas des masses. Un poil trop de monde, un côté carte postale qui ne nous dit rien.
On rembarque après avoir entendu qu'il y a juste avant la plage de Tietiesbaai, un peu plus loin sur la côte, une de ces paillotes qui font la réputation de la région: des restaurants pieds dans le sable, en bord de mer. Ce ne sera pas le meilleur du séjour (lisez la suite!) mais manger dans une petite barque de pêcheur, à quelques mètres de l'océan, ça a son charme. Après s'être rassasié et émerveillé du décor, on découvre après quelques kilomètres de piste la fameuse Tietiesbaai, une crique superbe et abritée, aux eaux d'un bleu limpide, bizarrement entourée d'emplacements de camping pris d'assaut en été.
Bon, comme on n'est pas en été, c'est vraiment tranquille. Quelques gamins qui jouent, deux ou trois camping-cars, ça sonne creux mais c'est pas pour nous déplaire.
Plus loin encore, le phare du Cape Columbine. Passé le phare, la route plonge sur côte déchiquetée, battue par un vent à filer une otite. Tout ça à quelques kilomètres de la très calme Tietiesbaai. Là, c'est l'océan dans toute sa splendeur et sa sauvagerie. 
Le fracas des vagues est assourdissant, l'écume qu'elles projettent tourbillonne dans les airs. On ajoute une couche de vêtements, fini le tee-shirt du déjeuner. A certains endroits, des moules géantes tapissent le sol sur des mètres et des mètres. Les rochers ont des teintes étonnantes, marbrées. C'est très beau et on est seul au monde, aucun passage. 
Après, c'est un épisode moins glorieux qui me ramène à la réalité. Je sais pas si je devrais vous le raconter mais tant pis. Pour l'histoire et au diable l'amour propre.

Au cours d'un autre arrêt sur un autre coin de côte éblouissant de beauté, ma petite infection intestinale ramenée des Carpates (voir récit précédent) ne trouve rien de plus approprié que de se rappeler à mon bon souvenir. 
J'ai dû m'équiper en antibios (merci Marie) juste avant le départ (ce n'est pas une image, on a pris le taxi pour l'aéroport à la sortie de la pharmacie) mais j'ai un peu négligé d'entamer le traitement, trompé par 24h d'accalmie.
Alors que Géraldine crapahute, telle une biquette marine de rocher en rocher, je suis tranquillement le long de la plage, explorant avec plus de prudence les environs quand le gargouillis tant craint commence à me tordre.
Je suis alors victime d'une tempête, d'une bourrasque intestinale de force 8, et contraint, comme un petit animal traqué, de me trouver urgemment un petit coin abrité, entre mer et rochers.
Après une longue et douloureuse exploration, piteusement caché mais néanmoins soulagé, j'entends paniqué les appels de Géraldine à ma recherche se rapprocher dangereusement. M'ayant enfin localisé, elle s'approche comme si je beurrais mes tartines tandis que je tente de l'éloigner à grands mouvements de bras.
Réalisant enfin le cocasse de la situation, elle part dans un fou rire que je ne peux suivre, tourmenté et honteux.
Cet épisode aura trois conséquences, plus une que vous saurez plus tard (que de cliffhangers dans ce récit!). De une: je commence les antibios tout de suite. De deux: pas de balades sans papier dans le sac à dos (c'était le cas, heureusement pour tout le monde). De trois: on rentre?
Nous voici donc sur la route de notre destination du soir: Velddrif, peu charmante bourgade pourtant pas mal située à la sortie nord de la péninsule, au bord de la Bergrivier.
En arrivant, soleil rasant, nous profitons de son attrait majeur: les oiseaux qui par centaines remontent le cours de la rivière depuis l'océan pour passer la nuit. Pélicans, flamants, cormorans et autre bestioles à plumes dont j'ai oublié le nom sont les rois du coin.
Notre étape se situe sur une petite île dans un méandre de la rivière. Détail: cette île est une de ces fameuses "gated communities" qui ont fleuri un peu partout. Pour y arriver donc, on passe une barrière, on nous demande où nous allons et le garde passe un coup de fil pour s'assurer que nous sommes attendus. Une fois sur place, on nous remettra un badge magnétique pour entrer et sortir à notre guise.
La maison où nous allons dormir est franchement à notre goût: belles chambres spacieuses bien décorées, billard dans la salle commune, possibilité de prendre un canoë en bas de la maison pour faire le tour de l'île...Et les proprios sont très sympathiques. Le temps de s'installer, ils nous indiquent un resto qui est selon eux très bien.
C'était pas le plan du siècle, on a passé une demi-heure à le chercher et deux secondes à faire demi-tour en courant. Ca devait être effectivement très cool en journée, mais là...Il faut savoir que les patelins en Afrique du Sud sont en général très mal éclairés. Mais là, c'était pire que tout, le resto se trouvant en bord de rivière sur une rue non goudronnée cahoteuse. Personne dans le resto. Y a rien de pire qu'un resto vide mais alors un resto vide qui donne sur une rivière noire, au bout d'une rue non éclairée, c'est d'un sinistre. 
On décide donc d'en profiter pour faire nos courses chez Spar, grande star des supermarchés sud-africains. On y reste une heure, on retrouve avec joie nos petites habitudes de consommation, on s'esclaffe devant des fruits démesurés, on s'étonne des faibles prix des denrées de base.
On mange des petits trucs de traiteur pas trop mauvais (y a toujours un rayon traiteur assez fourni chez Spar) et surtout, dans la chambre.
Soirée Game Of Thrones par la suite, c'est parfait.

Cliquez sur la 1ère photo pour les voir en meilleure qualité  














Je sais pas vous mais moi je trouve ça tellement beau, j'en chialerais.


















Et là, y a le téléphone du type qui sonne





Paternoster






Tietiesbaai


C'est sympa mais ça avance pas très vite




Ca ne se voit pas trop mais les vagues étaient énormes. Et bruyantes.


Tous les trucs gris, là, ben c'est des moules.






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