On fait un peu de route aujourd'hui puisque l'on s'est décidé à pousser jusqu'à Hermanus, lieu connu entre tous pour permettre l'observation de baleines franches australes depuis la terre ferme.
On nous a promis l'orgie, puisqu'on est en plein milieu de la saison où elles viennent dans la baie se la couler douce.
Deux petites heures de route pour y accéder, en passant à l'aller par la route n°2, qui ne longe pas la côte mais traverse les terres. On se garde la route côtière pour le retour.
Avant de sortir du Cap, la route 2 traverse quelques uns des plus grands et impressionnants townships du pays, notamment Nyanga et l'immense Khayelitsha. Là, c'est un autre pays. Surtout que le long des routes se concentrent les habitations les plus misérables, les pas encore consolidées, des amas de tôle de bric et de broc, les camps de squatters.
Pour ne pas tomber dans le misérabilisme, ces villes dans la ville offrent parfois des panoramas plus humains, avec des maisons en dur qui paraissent plus confortables. Il y a des quartiers dans ces townships, certains plus craignos que d'autres, un début de classe moyenne, bref, ce n'est pas aussi uniforme que l'image que l'on nous sert, même si dans l'ensemble, ce sont des lieux d'exclusion et de pauvreté, où la criminalité est effarante.
C'est très bizarre de voir des enfants jouer sur l'herbe rare qui longe l'autoroute, d'observer une équipe de foot s'entraîner là, à deux pas de la circulation.
Et toujours cette omniprésence des piétons et des minibus.
Passé Somerset, le paysage est beaucoup plus bucolique. On traverse les montagnes Hottentot-Holland, certains coins pourraient faire penser à l'Auvergne.
Hermanus est située le long d'une grande baie qui s'étend jusque Gansbaai, une vingtaines de kilomètres plus loin.
Si Hermanus doit sa renommée aux baleines, Gansbaai prospère sur le mythe des requins blancs. On s'en passera car on sait comment se déroule les séances d'observation de ces énormes bestiaux et ça ne nous plaît pas trop qu'on les attire avec du sang pour le plaisir des touristes.
Hermanus est une petite ville assez cossue, le centre est animé, du touriste en veux tu en voilà, des restos...On pose notre bagnole sur un petit parking payant. Là, le gars qui nous donne notre ticket regarde la voiture, un vrai tas de boue et de poussière (intérieur et extérieur, l'horreur), et nous dit "Mmm...vous voulez un nettoyage?". Bah grave. Surtout qu'il s'en occupe pendant qu'on se promène. Evidemment, c'est pas bien cher. On est bien content de cette bonne nouvelle.
On part avec le trépied sur le dos pour une séance d'observation qu'on espère mémorable. Hermanus, c'est vraiment Baleineville, y en a partout, des panneaux d'explication, des statues, blabla...Ils sont pas cons, eux.
Il y a plusieurs points d'observation, le principal se situe sur une pointe qui avance dans l'océan. Il y a un peu de monde mais c'est franchement supportable.
Le truc comique, c'est qu'il y a des crieurs. Des gars payés par la ville, qui ont un oeil de lynx et qui gueulent comme des putois quand ils aperçoivent quelque chose dans l'eau. Du coup, ça rameute les gens.
Petite déception au début, rien à l'horizon. Le gars nous dit que des fois, elles partent en balade et ne reviennent que dans l'après-midi. Bon.
Du coup, on nous avait parlé d'un resto dans une grotte, on se met en recherche. En fait, c'est pas vraiment une grotte, c'est plus taillé dans la roche, à même la plage. Les tables sont sur des rochers, et les vagues un peu importantes viennent arroser d'embrun le déjeuner. C'est très chouette, il fait super chaud, on est pas mal et en plus, on peut manger en surveillant l'horizon.
Evidemment, ça ne tarde pas, à peine est-on installé que ça commence à s'agiter. Des baleines un peu partout. On les voit quand même d'assez près, enfin, d'aussi près qu'on peut les voir sachant qu'on est à terre.
Tout ça fait un déjeuner assez décousu car on s'interrompt fréquemment. Il y a des gens qui font du canoé en groupe et qui sont assez près des baleines. Ca doit faire un drôle d'effet.
On traîne un petit peu mais il faut être honnête, on reste un peu sur notre faim. Bien sûr, on aura vu quelques beaux plongeons, quelques belles nageoires, deux ou trois sont passées vraiment près mais on a toujours le souvenir incroyable de ces mêmes baleines qu'on aurait presque pu toucher du doigt en Argentine. On était alors sur un bateau donc forcément, c'était différent. Mais on pouvait même les sentir, littéralement (et ça sent la crevette, c'est écoeurant, croyez pas que ce soit magique).
Bon, voilà nos problèmes de riches, il y avait un risque de relative déception, on a l'impression de passer un bon moment mais ça ne détrônera pas la première fois où on les a vues.
Il faut au moins reconnaître que l'environnement est autrement plus accueillant et mignon que l'aride et désolée péninsule de Valdès.
Au retour à la voiture, on n'en revient pas. Elle est rutilante. Le mec nous dit "c'était un gros travail". Sans blague. On lui laisse la somme convenue de très bon coeur.
La route du retour est notre deuxième objectif du jour, conseillés par ce couple qui habite Somerset et que nous avions rencontré au Gannaga Lodge, dans le Karoo.
Effectivement, c'est une très belle route, sauvage, qui traverse le Kogelberg, entre montagne et mer. Des plages superbes et désertes, quelques surfers, une montagne rougeoyante dans le soleil déclinant, c'est classe.
Il n'y a pas grand chose d'autre à en dire. Qu'à vous conseiller chaudement de l'emprunter, de vous y arrêter comme nous tous les kilomètres. Pour ceux qui ont le temps, il paraît que les randonnées dans le Kogelberg sont fantastiques. On veut bien le croire.
Mention spéciale pour la partie de route entre Rooi-Els et Gordons Bay, franchement somptueuse.
Pour rentrer sur le Cap depuis Somerset, on décide de foncer pour essayer de choper le coucher de soleil sur Signal Hill.
Bon, ben ce sera pour un prochain voyage. Mais on n'a pas vraiment à se plaindre non plus, on est sur la route, à traverser les Flats, avec la Table Mountain derrière, le soleil qui descend pile dans un creux de la montagne, tout est orange. Vraiment chouette.
Faut dire aussi que si l'on a raté Signal Hill, c'est qu'en arrivant sur Cape Town, on s'est planté de route et on s'est retrouvé à faire le tour de la montagne, en redescendant carrément jusqu'à Hout Bay...à peu près à l'opposé de là où l'on devait aller.
Bref, ce n'est pas si grave car cela nous permet de nous refaire toute cette portion de côte juste avant la nuit totale et c'est tellement beau.
Cliquez sur la 1ère photo pour les voir en meilleure qualité ;)
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