mercredi 29 juillet 2009

♫ Interview de DatA


photo: D. Guillon
DatA, parisien de 23 ans, vient de sortir son premier album, Skywriter. Il est actuellement en tournée en Amérique du Nord et centrale.
Te sachant grand fan de Michael Jackson, j’ai eu du mal à voir un hasard à ce que le nom de ton album « Skywriter » soit aussi celui du meilleur des Jacksons.
Bah, c'est plus ou moins un hasard...J'étais en train de m'amuser à faire l'instrumental du morceau du même nom, et je cherchais un titre. Un truc qui me plairait, un truc romantique et cosmique, mais en même temps un mot qui en lui même serait assez joli.
Et le premier mot que j'ai vu sur mon ordinateur à ce moment là, c'est "Skywriter". J'ai trouvé ça chanmé, pas de traduction directe en français, "écrivain du ciel", c'est prétentieux mais mignon, c'est à la limite du too much, ça me convenait parfaitement...
Tu revendiques des influences qui vont au-delà de la sphère electro: Vladimir Cosma, Electric Light Orchestra, les licks de guitare de Chic…Pour un type de ton âge, c’est assez surprenant. Comment as-tu fait ton éducation musicale?
J'ai toujours été hyper ouvert à tout. Vers 10 ans, j'ai découvert le hip hop, et les mecs qui me fascinaient le plus, c'était rarement les MC's, mais plutôt les producteurs ou les DJ's. Du coup, quand je lisais l’interview d'un producteur de rap qui se disait fan de tel ou tel groupe de funk, de disco, ou de pop, j'allais tout de suite chercher les albums. Et puis, plus tard, les goûts s'affinent, et c'est vrai que le "space disco" représente tout ce que j'aime dans la musique, donc comme tout bon fan, je me suis renseigné....
Mais je pense que tout le monde connaît plus ou moins ces groupes, les gens ne sont simplement pas tous fans.
Ta dernière découverte?
Ce n’est pas vraiment une découverte, mais les Holy Ghost! font vraiment de bons morceaux. J'adore leur nouveau single (Nb: I Will Come Back)
Te sens-tu des affinités particulières avec certains de tes contemporains musicaux?
On me reproche souvent de ressembler à untel ou untel, et les journalistes font souvent des rapprochements assez peu pertinents. Mais je pense que la seule personne dont je me sens très proche et qui se sent elle-même proche de moi, tant dans l'esprit que dans la musique, c'est mon pote Breakbot. Après, il y a plein de groupes que j'adore bien entendu...
Ton album s’éloigne clairement du dancefloor. Serais-tu déjà lassé de la quête de la turbine ultime?
Je n'ai de toute façon jamais fait de la turbine. Enfin, en tout cas pas en me disant "il faut que ça fasse du bruit, le reste on s'en fout". Et puis, un album, ca s'écoute doucement à la maison ou dans la voiture. Je ne voyais donc pas l'intérêt de tabasser. Mais il y a des passages plus sombres et plus durs.
Tu sembles plutôt à la recherche d’une forme d’écriture classique mais modernisée. De l’écriture « couplet-pont-refrain » avec des lasers, en gros?
Ah bah oui, je ne fais que ça, enfin quand j'y arrive et quand ca marche. Mais je ne connais pas d'autre forme d'écriture que couplet, refrain, pont, refrain, fin.....A part dans la techno où il y a sûrement des formes d'écriture beaucoup plus contemporaines et peut-être même novatrices. Mais à partir du moment où tu fais une musique assez écrite mélodiquement, tu ne peux pas vraiment te détacher de ce modèle.
Tu fais beaucoup de dates en tant que DJ. Prends-tu toujours autant de plaisir à faire danser les foules ?
Ca dépend, vraiment. Je change d’état d'esprit tous les 2 jours. Un jour j'estime qu’être DJ, c’est être au service des gens et devoir les faire danser, donc je ravale parfois ma fierté et je joue ce qu'il faut, le lendemain j'estime que je suis là pour moi, que je joue ce que j'aime, et que même si je vide le dancefloor avec un truc de funk, je les encule...
Ton meilleur souvenir en tant que DJ?
Mon meilleur souvenir ce n’est pas vraiment en tant que dj, mais juste après avoir joué à Moscou, je suis sorti dans un autre club, et j'ai vu 150 personnes devenir complètement ouf sur du disco hyper calme. On m'avait prévenu que les gens étaient très disco à Moscou, mais j'ai bien halluciné et j'ai trouvé ça vraiment cool...
Quel est ton objectif lorsque tu acceptes un remix?
Mon objectif c'est de faire mieux que l'original. Enfin, ca ne veut rien dire, mais travailler à base de l'acapella ça peut être hyper hyper excitant, tu peux vraiment écrire un truc qui colle à 200% avec la voix. Et 1 fois sur 5, tu galères parce que justement rien ne colle....
Tu en refuses souvent ?
Je n'en refuse pas tant que ça, parce qu'on ne m'en propose pas tant que ça....
Ton album de producteur r’n’b, c’est pour quand ? Ton « Rapture part.2 » a eu un écho certain auprès de ceux qui l’ont entendu…
Haha...Ce remix est à l’origine une blague....Mes potes de banlieue commençaient a me regarder de travers, genre "mais tu fais de l'electro toi hein?!" sous-entendant que je prenais des acides dans la forêt en dansant jusqu'à 14h sur du gabber....J'ai voulu leur prouver que la production, quand on connait les outils, on peut en faire ce qu'on veut...Et après je me suis donc dit que j'allais pomper Timbaland et faire croire aux bloggers débiles que Timbaland m'avait remixé. Mais je suis tres bête puisque je connais des gens qui sortent Timbo en france, et que je me serais pris un procès en moins de 10 minutes.
Mais j'aimerais beaucoup produire un milliard de trucs différents, surtout du r’n'b, mais par r’n'b, j'entends plus r’n'b 60's, la "pop Motown", que les trucs sucrés d'aujourd'hui...
Quel artiste (vivant, je te vois venir…) aimerais-tu entendre poser sa voix sur un de tes morceaux?
Si je devais recommencer à bosser sur un album demain, je supplierais Beth (Ditto) de Gossip, Jamie Lidell, Raphael Saadiq, Pharell Williams et Snoop Dogg.
Comment se passe la collaboration lorsque que tu invites quelqu’un à chanter sur l’un de tes titres? T’occupes-tu uniquement de ce qui est instrumental, ou fournis-tu aussi une trame de ligne vocale?
J'ai toujours essayé de trouver une ligne vocale moi-même, mais en confrontant mes idées à celles des chanteurs, j'ai réalisé qu'elles puaient la défaite. Les chanteurs ont un réel talent pour trouver le "hook", le vrai gimmick qui restera, et je n'ai pas ce talent, donc en règle générale je les laisse chercher de leur côté, et ensuite on modifie ensemble, puis je reprends la production du titre à zéro.
Tu as l’air d’être du genre control freak en studio. Tu vas pas te mettre à coller un gun sur la tempe d’un mec qui ne chanterait pas comme il faut?
Non, j'suis plutôt du genre à ne rien dire quand j'enregistre quelque-chose et que c'est nul....en général, là, je commence à complètement déprimer et me dire que je suis nul, que tout ce que je fais est nul, que je ne terminerai jamais ce morceau parce que ce que j'enregistre là est pourri. Je n'oserais même jamais dire "Heu, là tu as chanté faux, hein!"...J'suis plus du genre "Ouais ouais, c'était bien ouais!", et c'est sur ma tempe que je mets le gun ensuite.....
Puis 3 jours plus tard, je reprends tout à zéro...

son myspace

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